| Bonjour , aujourd'hui un article sur "Comment s'aime t-on traditionnellement à la Reunion ?" Bonne lecture !
Quand un jeune homme tombe amoureux d'une jeune fille, il ne peut en aucun cas l'aborder de façon cavalière. Il doit faire sa "rentrée" pour avoir le droit de la séduire. La "rentrée", c'est aller se présenter chez les parents de la fille et leur dire ses intentions : "Votre fille est merveilleuse... M'autorisez-vous à lui faire la cour ?". Si les parents acceptent, il a le droit de venir la voir, sur rendez-vous et en présence des parents. Quand les deux jeunes sortent ensemble pour aller au cinéma ou toute autre distraction, ils sont accompagnés d'un chaperon : frère, sœur, oncle, tante... Après quelques mois de fréquentation, s'ils s'aiment, vient le temps de la demande en mariage. Face à ses propres parents, à son parrain et à sa marraine et aux parents, parrain et marraine de sa bien-aimée, le jeune homme fait sa demande à ses futurs beaux-parents. A la Réunion, les parrains et les marraines sont très importants dans la vie sociale. Les filleuls les consultent régulièrement pour faire des choix dans leurs vies. Ils leur demandent leur bénédiction à chaque étape cruciale de leurs existences. Quelques semaines, plus tard ont lieu les fiançailles. Leur durée est d'un an maximum. Le jour des fiançailles, les deux familles sont réunies, sans oublier les parrains et les marraines. Un grand plateau est rempli de marguerites et de petits bouquets de gypsophiles. La bague est cachée dans les fleurs. Un enfant fait circuler le plat. Chacun prend un petit bouquet et quand il ne reste plus que les marguerites, la fiancée prend la bague. Au moment de passer la bague au doigt de sa fiancée, le prétendant demande l'autorisation à ses futurs beaux-parents... "Oui !" "On gagne une fille !"... "On gagne un fils !" Un plateau de dragées et un petit verre d'alcool, toujours offert par les parrains, sont traditionnellement distribués à la joyeuse assistance. Tout le monde s'embrasse, on mange, on danse, on fait la fête ! Quelque temps plus tard... c'est le mariage. Et pour qu'il soit réussi, il faut construire une "salle verte". Sur cette île, les familles sont nombreuses. La solidarité est une qualité toute réunionnaise. Ainsi, tout le monde vient donner le coup de main : u ne chape de béton, des poteaux en bambou, des murs en sagou (palmier) tressé, un toit en tôle ondulée... Pour la décoration, des guirlandes de fleurs en papier et une grande table en U est dressée dans la salle verte. Convivialité encore, tout le monde participe à la cuisine : poulets rôtis, porc, poissons, crustacés sont au menu. Les familles modestes font un gratin de pâtes avec du poulet et une salade russe (betterave, carottes, pommes de terre et œufs). La cuisine réunionnaise est toujours accompagnée d'un rougaille (sauce aux piments). Et pour boire : des rhums arrangés et de l'anisette. Les Réunionnais vivent simplement religion et superstition. Avant de s'épouser, les deux amoureux vont se confesser... Ils doivent tenir leur langue et ne pas dire au prêtre qu'ils feront baptiser leurs enfants "pour enlever le bêbette" (le diable), le curé ne supporte pas ce genre de croyances populaires ! Le jour du mariage, le garçon (accompagné par sa famille) va chercher la fille chez elle, cloîtrée dans sa chambre pour se vêtir et se maquiller. La jeune femme vérifie une dernière fois le trousseau qu'elle a confectionné patiemment au fil des années, depuis son plus jeune âge (chemise de nuit, draps, linge de maison, culottes...). Hormis sa mère, personne ne doit l'apercevoir. Son futur doit être le premier à la voir en "femme". Pour aller à la mairie, les deux familles se rassemblent en un joyeux cortège de voitures klaxonantes. Celle des futurs mariés fermant la marche. Après le passage devant monsieur le maire (pause photos), c'est la voiture des mariés qui ouvre le cortège pour se rendre à l'église. La cérémonie religieuse terminée, la tradition des photos est une charmante coutume que les Réunionnais aiment à conjuguer. Il faut faire des photos de tous dans toutes sortes de lieux où le décor est enchanteur... Le jardin de l'Etat, le Barachois, le Parc du colosse... On sillonne les environs pour n'arriver à la salle verte que vers 19 h ou 20 h. Là, ils sont accueillis en musique par un "bal la poussière", un orchestre de cuivres. Nos jeunes mariés entrent dans la salle au son du bal la poussière. Il faut manger chaud, donc à table ! Comme dans tous les mariages, on porte des toasts. Le repas terminé, les nouveaux époux ouvrent le bal en dansant un slow ou un calypso. A la deuxième danse, tout le monde les rejoint. A 23 heures, la jarretière de la mariée est mise à prix. La jeune femme est juchée sur une table. Plus les hommes payent, plus elle fait monter sa robe. Plus les femmes payent, plus la robe redescend. La tradition veut que ce soit un homme qui gagne la jarretière. A minuit, on coupe la pièce montée, un gâteau de massepain, sorte de cake parfumé à l'anisette et à la vanille, recouvert de sucre glacé. On boit du champagne et les plus téméraires un coup d'sec (rhum blanc). Ensuite, on ouvre les cadeaux. Les Réunionnais sont souvent de condition modeste et la tradition veut que les cadeaux de mariage soient utiles pour les jeunes mariés : une bouteille de gaz, un pilon et son mortier en galet, des marmites en fonte, une ritière (marmite à riz), une greg (cafetière)... Vers 3 heures du matin, les mariés s'éclipsent à l'hôtel, dans une chambre d'hôte ou à la maison du marié. Le lendemain matin, les deux belles-mères arrivent pour "vérifier le drap". Et ensuite, les familles proches viennent manger les restes du banquet : le rogaton. L'île Maurice, Madagascar et Mayotte sont bien souvent les destinations du voyage de noces des Réunionnais. La grossesse est attendue avec impatience... Fierté pour lui, bonheur pour elle. Avoir pour premier enfant un garçon permet de faire perdurer le nom, symbole de vitalité d'une famille. Pendant la grossesse, la belle-mère fait tout pour sa belle-fille : ménage, cuisine... La superstition est très présente dans la vie réunionnaise. Une femme enceinte doit rentrer chez elle avant 18 heures, pour ne pas rencontrer grand-mère Kal (sorcière) ou Bébette (diable). On ne marche pas avec de la viande crue après 18 heures car dans la "nuit", le diable cherche la chair fraîche. On ne dit pas la durée exacte de sa grossesse à celui que l'on ne connaît pas. Quelqu'un qui met le pilon à l'envers "étouffe" l'enfant... Il ne faut jamais contrarier une femme enceinte, elle vous enverrait "bouton dans d'zyeux" (le mauvais oeil). Une femme enceinte trouve très beau votre poivrier ou votre canapé : il faut le lui donner. Sous le coup de l'émotion, elle met les mains à Yasmine, pendant sa grossesse, buvait du café en cachette de Jimmy, son conjoint, qui pensait que c'était mauvais pour le bébé. Un jour, elle voit arriver Jimmy alors qu'elle en buvait dans la cuisine. Elle jeta précipitamment le breuvage dans l'évier, recevant quelques gouttes sur la main qu'elle essuie sur sa cuisse... Marc-Antoine, leur fils, est né avec une "tache de café" sur la cuisse ! Après l'accouchement, la jeune maman doit manger de la morue et des lentilles pour avoir un bon lait. Le nom du bébé lui est donné à sa naissance et ses ongles ne seront coupés qu'après le quarantième jour. Une mère ne doit pas marcher pieds nus et le bébé doit toujours avoir la tête couverte d'un bonnet de coton confectionné par sa grand-mère. Au troisième mois, l'enfant est baptisé dans une grande robe blanche (symbole de pureté). Les dragées sont offertes par le parrain, elles sont censées apporter la richesse à l'enfant. Pour son entrée dans le monde social, les pieds du bébé sont lavés au champagne pour qu'il ait richesse à vie. L'enfant est fêté avec les deux familles réunies. Chants et danses sont au rendez-vous. Si c'est une fille, sa première danse est avec son père. Si c'est un fils, sa première danse est avec sa mère. |
